lundi 26 janvier 2009

Devenons actionnaires !

Mon ordinateur vient de tomber en panne, panne grave, la carte mère. Vieux de 7 ans, j'en ai acheté un autre, marque Hewlett-Packard. Où croyez vous qu'il soit fabriqué, monté et conditionné ? En Chine bien sur. Une amie m'a demandé de lui expliquer le fonctionnement d'un cadre photo numérique de marque Telefunken là ce n'est pas écrit « made in china" mais « fabrication RPC » (république populaire de CHINE), une façon de cacher la provenance.

Qui profite de ces fabrications à bas coût ? Un peu la Chine et ses travailleurs mais surtout les entreprises qui délocalisent la production. Faut-il que nous soyons tous actionnaires de ces entreprises qui gagnent encore de l'argent pour avoir les moyens de consommer ?


Si presque toutes les productions de richesses sont ainsi délocalisées, ce ne sont pas les chômeurs qui pourront participer à la croissance de la consommation une fois leurs petit « bas de laine » vidé par l'inflation. Si tous les emplois de production sont délocalisés, il ne reste qu'une seule solution, achetons des actions, pas n'importe lesquelles, celles des entreprises qui ont délocalisé. C'est le moment, tant qu'on en a encore les moyens!


Ces propos satiriques montrent bien que la relance proposée en aidant l'industrie automobile même si elle est subordonnée à la « non délocalisation » (trop tard, c'est déjà fait !), ne peut suffire. Fait-on une transfusion de sang à un blessé sans avoir arrêté au préalable l'hémorragie dont il est victime ? C'est pourtant la solution qui est mise en place.


Le protectionnisme étant un mot tabou, il faut rechercher de nouveaux termes. Je propose « production équitable ».


Manifestement, le Président OBAMA cherche à s'attaquer au problème en cherchant la réévaluation du yuan par rapport au Dollar. LIRE


Sur le blog « Horizons » (dont certains articles sont repris dans Marianne2), un article ainsi que les commentaires méritent d'y jeter un coup d'œil.

8 commentaires:

  1. Alors un fois pour toute : Le vocable a été longuement débattu et les protectionniste se sont accordés sur le terme protectionnisme. Donc il n'y a pas à faire les vierges effarouchées et à vouloir trouver un autre mot qui choquerait moins, comme relocalisation, restriction au libre échange, juste échange ou production équitable !!

    C'est justement parce que le mot est tabou qu'il est intéressant. C'est ainsi qu'il peut désigner une rupture avec la pensée économique dominante et ouvrir sur une vraie alternative.

    En outre, à la base, il y a l'idée de protection économique qui est on ne peut plus légitime. On ne parle pas de "fermeturisme" ou d'autosuffisance nationale.

    Ensuite il faut aller plus loin (et pour ça lire mon billet) pour comprendre que le protectionnisme n'est en rien une guerre contre les chinois, c'est un moyen pour rééquilibrer le rapport de force entre le capital et le travail.

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  2. Je persiste et signe : le protectionnisme est une solution primitive et n’est en aucun cas une solution miracle. Se comporter égoïstement pour protéger nos petites affaires (quitte à laisser les autres crever de faim), n’a rien d’une vision humaniste.

    La mondialisation est un progrès de civilisation et si nous subissons aujourd’hui quelques effets négatifs, c’est uniquement parce que les gouvernements de gauche comme de droite n’ont jamais été capables d’adapter notre économie nationale au monde dans lequel nous vivons. L’Allemagne a une industrie forte et dégage des excédents commerciaux très important. En France, par contre, nos PME sont fragiles et très peu tournée vers l’international. A défaut d’avoir un réseau d’entreprise solide et performant, notre économie repose sur la consommation des ménages. Or, sans entreprise, peu d’emploi et peu de pouvoir d’achat (et là je rejoins votre article).

    Que faut-il faire ? Malheureusement, la Gauche n’est pas la mieux placée pour améliorer durablement notre économie dans la mesure où ce qu’elle propose n’est réellement efficace que dans une économie fermée. Un vrai coming out pour les socialistes serait de trancher définitivement entre marxisme et économique de marché et d’afficher de réelles ambitions pour aider les entreprises Françaises à s’épanouir.

    L’ambition, c’est justement ce qui manque aux socialistes : être capable de prendre des risques et de défendre des idées nouvelles. Avez-vous lu le bouquin de Peyrelevade « Sarkozy : l’erreur historique » ? Je trouve personnellement que ses idées valent le coup d’être approfondies, quoiqu’on en dise …

    Autre proposition à garder en tête pour une politique Européenne : la taxe carbone. Une telle taxe aurait l’avantage de répondre à un enjeu environnemental fort en favorisant les échanges locaux par rapport aux échanges longue distance. Bien gérée, elle permettrait indirectement de limiter les effets que vous présentez dans votre article en incitant les entreprises à produire là où se trouve la demande.

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  3. @ Gaby :
    Oui, vous avez raison, la mondialisation est un progrès mais les effets pervers de la concurrence telle qu’elle est pratiquée a des effets pervers dont les « pays développés » en paient le tribu.
    Le modèle que vous proposez c’est de se tourner vers les exportations en prenant l’exemple de l’Allemagne.
    Selon un article paru dans « les échos » :
    « En 2008, le taux de chômage moyen de la première économie européenne a reculé de 1,2 point par rapport à 2007, à 7,8%. En décembre, pour la première fois depuis février 2006, le nombre de demandeurs d'emploi a crû de 18.000. Et le taux de chômage a grimpé de 7,1% à 7,4% entre novembre et décembre. …..Ce pays devrait en effet essuyer en 2009 l'une, sinon la pire récession depuis la guerre, avec un PIB qui pourrait reculer de 2% ou 3% selon les économistes, voire 4% »
    Si je vous suis dans votre raisonnement, il faudrait aider les entreprises et réduire les salaires et à exporter mais sur quels marchés ? Tant que les pays en voie de développement n’auront pas une population en capacité d’acheter c’est pure utopie.
    Quand à la taxe carbone, telle qu’elle avait été envisagée lors du Grenelle de l’environnement, si elle était appliquée serait un facteur supplémentaire qui pousserait les entreprises qui produisent en France à délocaliser. Elle n’existe ni dans les pays de l’UE ni dans le reste du monde.

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  4. La crise que nous vivons aujourd’hui est une crise mondiale d’une très grande ampleur : la terrible récession qui devrait s’abattre en Europe cette année touchera tous les pays, quelque soit sa structure économique. Dans ce contexte d’exception, il faut des mesures d’exception, le temps que l’orage passe et là, l’idéal, c’est d’investir pour préparer une reprise durable. Naturellement, donner un coup de pousse aux plus fragiles est un impératif fort mais le plus structurant pour des effets durables, c’est l’investissement.

    La période de récession est prévue pour durer jusqu’à au moins mi-2010, voire plus. La France sortira de cette période affaiblie et très lourdement endettée : elle ne pourra plus investir massivement à la sortie de cette crise. Aujourd’hui c’est en revanche non seulement possible mais vivement souhaitable.

    Pour résumer, nous devons, sur la période 2009 - mi 2010, faire le dos rond, privilégier l’investissement tout en aidant les plus démunis, puis, une fois la reprise amorcée, engager les bonnes réformes pour soutenir comme il se doit nos entreprises pour rechercher une croissance durable.

    Concernant la taxe carbone, je dois avouer que je ne comprends pas très bien votre raisonnement : est ce que vous voulez que les entreprises Françaises restent en France et les entreprises « étrangères » à l’étranger ? Faut-il rappeler que la délocalisation fonctionne dans les deux sens ? Le coût salarial est effectivement un critère important pour l’implantation d’une entreprise mais il y en a aussi un second : la productivité. Sur ce terrain, nous sommes parmi les meilleurs (cocorico) et les entreprises étrangères le savent (ce qui explique d’ailleurs pourquoi beaucoup d’entres elles préfèrent s’implanter en France que chez nos voisins). Attention donc à ne pas tomber dans la caricature et à avoir un discours en ligne avec les réalités d’aujourd’hui. Oui, il y a eu, il y a et il y aura des abus sur les délocalisations mais sont-ils réellement représentatifs ? Je ne le pense pas, d’ailleurs certaines entreprises se sont mordues les doigts d’avoir négligé les effets pervers de la délocalisation sur leurs performances et relocalisent une partie de leurs productions. La délocalisation n’est pas une solution miracle pour les entreprises !

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  5. Pour rebondir sur les "vertus" du protectionnisme que pensez-vous des récentes prises de position américaines sur l'acier et le Roquefort ?

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  6. @ Gaby
    J’ai pensé à vous en lisant les propos du président Obama.
    Le protectionnisme existe malgré les engagements de l’OMC.
    Que faisons-nous quand nous refusons la viande bovine américaine ? : du protectionnisme.
    Que font les américains vis-à-vis du roquefort ?: la même chose en rétorsion.
    Les exportations du roquefort vers les USA ne représentent que 2% de la production française, pas de quoi en faire un fromage rien à voir avec la quantité de viandes aux hormones qui ne viendront pas dans nos assiettes.
    Quand à l’acier, je trouve qu’il a raison de vouloir protéger les emplois face à la concurrence mondiale. Comme vous avez pu le lire dans le lien que vous avez inséré cette interdiction est limitée aux « projets d'infrastructures que financerait le plan, à moins que l'offre d'acier américain ne suffise pas ou que son prix augmente la facture finale de plus de 25%. »
    La politique du Président OBAMA est moins libérale que celle de notre Président dans les conditions d’aides apportées aux entreprises. Comme les USA restent un modèle au niveau mondial, cette politique risque de faire tache d'huile.

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  7. Je vous invite à lire l'article de Daniel Cohen publié sur le Monde aujourd'hui. Je pense que la démonstration est claire ...

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  8. Oui, il y a débat entre ceux qui croient encore aux vertus du libéralisme et du libre-échange tel qu’il est pratiqué avec les résultats que l’on connait et ceux qui sont pour une régulation des échanges commerciaux par les états. Voir le lien ci-après : http://horizons.typepad.fr/accueil/2008/09/pour-un-protect.html#more
    Ce qui est certains c’est que ces sujets qui n’on pas été abordés par le Président lors de son show du 5 février seront abordés d’ici peu d’une manière plus franche.
    Il serait intéressant d’essayer de faire la genèse de la crise mondiale que nous vivons.

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