vendredi 9 octobre 2009

Ecole payée, une affaire de médias


Trois lycées professionnels de l'académie de Créteil vont expérimenter à partir de lundi la mise en place d'une cagnotte collective par classe pour lutter contre l'absentéisme, (voir l'article publié information du Parisien.)
Chaque classe pourra cumuler des "mises" financées par le Haut Commissaire à la Jeunesse tout au long de l'année si l'ensemble des élèves d'une classe fait des efforts pour assister aux cours.
Interrogé sur l'intérêt de cette forme de motivation pécuniaire des élèves, le représentant du Haut commissaire a relevé: "On n'est pas dans une logique de cagnotte individuelle, ça s'inscrit dans un projet collectif de classe et pour que cela fonctionne il faut une solidarité du groupe".
"Le projet qui pourra être financé à la fin de l'année doit être éducatif", a-t-il précisé, comme par exemple "un voyage scolaire, la création d'entreprise ou d'association, une action sociale.

LE PPCP, ça existe depuis 2000:

Le Projet pluridisciplinaire à caractère professionnel a été introduit durant l'année scolaire 2000/2001 dans toutes les formations conduisant aux BEP et aux Baccalauréats professionnels à l'époque, c'était Jack Lang qui était ministre de l'éducation et Jean-Luc Mélenchon, Ministre délégué, chargé de l'Enseignement professionnel.

Si les médias se sont focalisés sur le seul projet de financement de l'assiduité alors qu'il y a 164 autres projets déposés !, C'est oublier que le projet de Martin Hirsch tel que l'on peut le voir sur le
reste bien pourtant dans la lignée des ministres socialistes qui l'avaient initié.


Revenons au projet de financement de l'assiduité.

Un lycée professionnel est censé préparer à la vie active, à avoir un métier. La seule motivation des élèves doit être la réussite scolaire pour pouvoir réussir sa vie professionnelle.

Si on en arrive à devoir motiver financièrement les élèves avec une « carotte financière » c'est un constat d'échec dont les raisons en sont multiples :

Echec des filières ? :

Il y a 75 bacs professionnels, mais le choix de la spécialisation dépend des offres locales. Tous les jeunes ne peuvent pas accéder à un lycée trop éloigné du domicile familial faute de moyens financiers pour se loger. Si les inspecteurs d'académie affectent théoriquement les élèves en seconde professionnelle dans les spécialités indiquées dans les vœux des familles, cela ne correspond pas toujours aux aspirations des jeunes mais aux possibilités qu'offrent les Lycées du secteur. Il faut aussi que les bacs proposés correspondent à l'offre locale d'emplois.

L'orientation est le plus souvent « subie » ce qui engendre des élèves résignés et non motivés.

Les perspectives d'emploi pour les jeunes de 15 à 24 ans ne sont pas très motivantes

Femmes

2007

Ensemble

8,5

15-24 ans

20,2

25-49 ans

8,1

50 ans et plus

5,6

Hommes

2007

Ensemble

7,4

15-24 ans

18,6

25-49 ans

6,6

50 ans et plus

5,2

C'est le manque d'emplois qui est aussi un facteur de démotivation pour les jeunes.

Ce qui parait choquant ce sont les stages formation en entreprise non rémunérés. En effet, seul le stage de plus de trois mois doit obligatoirement être indemnisé. L'indemnisation est dans ce cas fixée à 30% du SMIC, soit 379,18 euros par mois.

L'exemple vient d'en haut :

Le ministère de l'éducation nationale, en supprimant des postes d'enseignants contribue à une détérioration des conditions du remplacement des congés de maternité et de maladie. Des profs non remplacés c'est le mauvais exemple qui contribue à ce que des élèves sèchent des cours

L'image du Lycée professionnel

Il est aussi choquant que pour entrer à HEC , il faut non seulement réussir le concours d'entrée mais aussi payer 8.300 euros en première année, et 12.300 euros par an ensuite. Faut-il que l'académie de Créteil ait une si mauvaise opinion de la qualité de l'enseignement dispensé dans ses lycées professionnels pour rémunérer la classe si les élèves sont assidus. Imaginez un théâtre où les spectateurs seraient payés pour assister aux séances !

Que peut-on faire ?

La mesure est certes expérimentale mais ne vaut-il pas mieux proposer des formations qui débouchent sur des qualifications recherchées par le peu d'entreprises qui nous restent.

  • Valoriser l'image des Lycée Professionnels pour que les élèves soient fiers de leur établissement et n'aient pas le sentiment d'y être par désespoir de cause.
  • Financer les projets pédagogiques élaborés avec les élèves.

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