vendredi 5 septembre 2008

RSA: la fin du SMIC ?



Depuis plusieurs mois, le débat sur le revenu de solidarité active de Martin Hirsch se focalise sur les modalités de son financement. Son principe même fait en revanche consensus, à droite comme à gauche et chez les éditorialistes. Tout le monde se félicite de cette réforme d'inspiration sociale, d'autant plus maintenant qu'elle va être financée par un prélèvement sur les revenus du capital.

Le revenu de Solidarité active (RSA) est une allocation qui vise à la fois à remplacer des minima sociaux existants comme le Revenu Minimum d’Insertion (RMI) et Allocation Parent Isolé(API), à se substituer à des dispositifs d’intéressement de retour à l’emploi (comme la prime de retour à l’emploi (PRE) et la prime pour l’emploi (PPE)) dont l’efficacité a été à plusieurs reprises contestée.

Il y a pourtant quelque chose dans son principe qui dérange et qui semble lourd d’effets pervers, beaucoup moins "sociaux".

Le RSA, qui cible les travailleurs pauvres, risque d'encourager le développement des petits boulots à temps partiel mal payés en habituant les entreprises à l'idée que l'Etat à vocation à compléter des salaires insuffisants pour vivre.

Demandez à un commerçant, un artisan s’il préfère deux employés à mi-temps ou un seul à temps complet. La réponse est simple : deux employés ! Tout simplement parce qu’avec deux employés, on a moins de problème d’absentéisme pour des causes diverses et variées, on peut mieux « utiliser » les employés en les faisant venir aux heures de pointe, quand il y a un chantier, quand il y a des commandes à honorer ; Bref c’est rendre les ressources humaines flexibles.

Le RSA, tel qu’il est conçu, fait donc peser sur la collectivité tout le coût du temps partiel contraint. Si une entreprise décide de supprimer un poste à temps plein pour le remplacer par trois tiers temps, elle gagne en flexibilité sans que cela ne lui coûte rien de plus. De ce fait, il encourage les employeurs à recourir à des petits contrats de tiers ou de mi-temps. Le RSA est, de fait, un facteur d’émiettement du temps de travail.

On pourrait pourtant considérer aisément qu’une entreprise lorsqu’elle embauche quelqu’un, a le devoir de lui accorder un salaire qui lui permet de vivre décemment. C’est précisément l’objet du SMIC. Le RSA, en renonçant à ce principe fondamental change le rapport entre l’entreprise et son salarié.

En reportant intégralement sur l’Etat la responsabilité de veiller à ce chacun puisse vivre par son travail, le RSA peut mener à la suppression du SMIC.

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