mercredi 17 décembre 2008

Le protectionnisme est-il à la mode ?



On est loin de l'idéologie simpliste qui prône que la libre concurrence c'est l'efficacité.

Les Etats-Unis, des pays de l'Union Européenne ont soutenu les secteurs financiers en difficultés.

Ces mêmes pays, sollicités par les constructeurs d'automobiles vont chercher à sauver ce secteur économique. Comment peut-on appeler ce type d'intervention ?

PSA, Renault, Valeo, Michelin, Plastic Omnium et le Comité de liaison des fournisseurs sont reçus ce 15 décembre par Nicolas Sarkozy, Christine Lagarde, ministre de l'Economie, et Patrick Devedjian, ministre chargé du plan de relance. Ils comptent demander l'aide financière de l'Etat. Car l'ensemble du secteur automobile souffre. Toute aide ne peut que défavoriser les constructeurs étrangers, c'est bien ça le protectionnisme !

Le protectionnisme existe bel et bien, mais financé par tous, il ne sert qu'à protéger des intérêts particuliers en entraînant un déclin global et la précarité pour les populations européennes.

Cette forme particulière de protectionnisme a peu d'avantages et beaucoup d'inconvénients pour la collectivité. Parmi les avantages, citons la survie d'entreprises soi-disant stratégiques, mais techniquement ou socialement inadaptées à la concurrence internationale. La politique agricole de l'Union Européenne en est aussi l'illustration.

Les domaines de l'excellence et de la haute technologie ne sont plus réservés aux pays riches. Les pays en développement accéléré, comme l'Inde et la Chine, investissent massivement dans la formation d'ingénieurs et de scientifiques. On ne voit pas pourquoi ils s'interdiraient de prospérer aussi dans les domaines de hautes technologies.

A qui profite le libre échange ?

Ce sont surtout les multinationales qui profitent de fabrications à faibles coûts mais qui sont trop chers pour être vendus dans les pays où ils sont produits mais sont vendus dans les pays riches.

Etre protégé, c'est ce que chacun a le droit d'attendre de son pays et pour nous, français de l'Union européenne. Emmanuel Todd milite depuis plusieurs années pour un protectionnisme européen. Hubert Vedrine dans son rapport remis à Nicolas Sarkozy sur la France dans la Mondialisation émet le souhait d'une dose de protectionnisme ( contingentements, taxes, normes).

L'O.M.C. existe

Si sur un plan théorique l'organisation mondiale du commerce fonctionne sur un mode démocratique au sens où chaque Etat représente une voix, quel que soit son poids politique ou économique pour faire appliquer les réformes en matière de commerce (notamment suppression des droits de douanes), il n'en est hélas pas de même quand il s'agit de faire respecter les droits fondamentaux sociaux et éthiques (pas de règle sur les salaires, sur l'environnement, sur les droits syndicaux, le travail des enfants, etc.)

Bientôt, nous devrons élire nos députés européens. A nous de faire le bon choix.

6 commentaires:

  1. Vous faites erreur : il ne faut pas confondre protectionnisme et interventionnisme.

    Nul ne peut contester l'intervention des Etats et du FMI pour éviter tant bien que mal une situation de banqueroute et pour remettre au plus vite l'économie mondiale sur les rails. Le consensus est international avec un objectif simple : stopper la crise mondiale qui nous tombe dessus. Vanter les mérites du protectionnisme en situation de crise est parfaitement contre-productif et dangereux car cela ne ferait qu'installer durablement cette crise.

    Il faut dissocier la gestion de la crise et la relance de l'économie mondiale de l'optimisation des règles économiques au sein de l'Union. Introduire une dose de protectionnisme aux frontières de l'UE : pourquoi pas mais il faut avant tout éteindre l'incendie avant de réflechir à la couleur du nouveau papier peint. Ensuite, on pourra entamer sereinement un débat sur le "nouvel ordre mondial".

    Vous parlez des élections Européennes, soit. Mais pensez-vous vraiment que le parti socialiste est légitime sur cette élection ? Pour moi, non et j'en encore eu la preuve récemment.

    Trouvez-vous normal qu'un grand parti politique Français (le PS) s'abstienne sur une décision stratégique visant à eviter l'effondrement de notre système bancaire ? L'abstention est-elle LA réponse à la gestion d'une crise ? Depuis le referendum sur le traité constitutionnel, le parti socialiste n'a jamais eu de position claire sur l'Europe, contrairement à d'autres partis : en votant socialiste aux Européennes, comment savoir si on vote pour un Ouiiste ou un Noniste ? Un Royaliste partage-t-il la même vision de l'Europe qu'un Hamoniste ? J'ai lu encore récemment que Hamon n'était pas favorable au rattachement des socialistes Français au Parti Socialiste Européen : ou est la cohérence dans tout ca ?

    Personnellement, je ne voterai pas socialiste aux Européennes au moins pour 2 raisons :

    1- Le PS a été (et est toujours) complètement à côté de la plaque sur la gestion de la crise

    2- Le PS Français n'a aucune lisibilité politique sur les questions Européennes (hormis quelques vagues idées consentuelles entre europhiles et eurosceptiques)

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  2. Ne jouez pas sur les mots.
    Oui, il y a interventionnisme des états et du FMI (dans une moindre mesure) mais dans quels buts ?
    La politique de libre échange, telle qu’elle est pratiquée exerce une pression sur les salaires qu’il a fallu, voir l’exemple des Etats Unis, faciliter le crédit pour permettre aux américains de continuer à consommer. Cela n’a eu qu’un temps et la crise financière a touché de plein fouet les financiers américains et ceux du monde entier.
    Les ultras libéraux, par idéologie, ne sont pas pour un interventionnisme quelconque. Ce qui est fait par les pays riches, c’est simplement permettre au monde de la finance et de l’industrie des grandes entreprises mondiales de continuer suivant les mêmes règles. Les pays tels que la Tunisie et le Maroc qui ont perdu des marchés au profit des pays asiatiques, eux n’en ont pas les moyens.
    Cet interventionnisme des pays riches ne fait que chercher à pérenniser le même mode de fonctionnement de l’économie mondiale.
    Quelles sont les solutions envisageables ?
    La relance de la demande par la consommation ?
    C’est à peu près la même chose que la relance par le crédit, cela ne permettra pas une augmentation de la production à partir du moment où une très grosse partie de la production continue à venir de pays à bas coût de main d’œuvre.
    Pour moi, et je ne suis pas le seul à le penser, une politique protectionniste au niveau de l’U.E. sera le seul moyen de sauver notre économie. Les entreprises qui profitent actuellement de la mondialisation feront peut être moins de bénéfices mais elles ne vont pas périr pour autant.
    S’il est exact que les directives européennes sur la règlementation sur la consommation des appareils électroniques en veille peut paraître décalée par rapport à la crise que nous vivons, les socialistes et la gauche n’en sont pas responsables.
    Sur 783 euro-députés, il n’y en a que 309 du PSE, des verts et autres partis de gauche !
    Vous pouvez lire, à partir du site du parti socialiste : http://www.parti-socialiste.fr/
    Le « Manifesto » qui fixe les grandes lignes de la politique proposée par le PSE
    Vous dites ne pas vouloir voter pour la gauche aux prochaines élections des européennes. Pour qui comptez vous voter pour défendre nos intérêts ?

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  3. Je ne joue pas sur les mots : interventionnisme et protectionnisme sont deux choses différentes ! Intervenir pour sortir notre économie d’une mauvaise passe est non seulement légitime mais salutaire. Avoir recours au protectionnisme et ériger des barrières économiques n’entraînent qu’une chose : le repli communautaire et l’accroissement des inégalités mondiales. Si l’on suit votre raisonnement, l’Europe tout comme les USA érigeraient des barrières douanières pour se recentrer sur leurs économies. En réponse, les pays exportateurs de pétrole (ou de gaz), frustrés de l’attitude égoïste des pays dits « développés » auront un excellent prétexte pour faire flamber les prix de ressources indispensables à l’UE. Quant à l’Afrique, elle n’aura que ses yeux pour pleurer et verra ses maigres chances de se développer s’envoler … J’espère que vous comprenez à présent pourquoi aucun économiste ou homme politique sérieux envisage le recours au protectionnisme même si cela les démange de temps à autre …

    Quant à cette manie des socialistes à considérer le « libéralisme » comme la pire des insultes (à l’exception peut-être de Delanoe), je vous renvoie à vos propres contradictions : Mitterrand ou Jospin ont-ils profité de la période pendant laquelle ils étaient aux manettes pour mener une politique économique autre que libérale ? NON. Faut-il rappeler que le gouvernement ayant le plus privatisé sous la cinquième république était celui de Jospin ? (avec par ailleurs la caution des verts et des communistes). Soyons sérieux 2 secondes et admettez qu’il y a un vrai décalage entre le discours et les actes au PS.

    Vous évoquez le manifesto, soutenu avec ardeur par les socialistes Européens et qui a récemment été signé par Aubry : ce manifeste apporte un soutien sans réserve au traité de Lisbonne (le mini-traité de Sarkozy) alors qu’il a été vivement critiqué par les socialistes Français : pourquoi une telle schizophrénie ?

    Voilà pourquoi il me semble inconcevable de voter socialiste aux prochaines Européennes. Je ne vois que 2 alternatives possibles : soit voter pour un parti vraiment Européen et humaniste comme le MoDem soit voter clairement à gauche (Parti de Gauche de Mélenchon par exemple).

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  4. Je ne vois pas vraiment de solution durable, ni dans l’interventionnisme qui ne se justifie que pour éteindre les incendies mais pas pour reconstruire, ni par le protectionnisme au sens traditionnel qui me semble bien inadapté à la situation.
    Il y a par contre une autre façon d’imaginer le protectionnisme, c’est par exemple de faire en sorte que les règles économiques mises en place par l’U.E. soient corrigées pour servir les intérêts des européens et non ceux de lobbies influents. L’exemple de ce commissaire européen qui voulait imposer un accord sur l’importation des USA de poulets nettoyés à l’eau de Javel malgré l’opposition de tous les états membres sauf un est révélatrice. Libéral ne devrait pas signifier anarchique. Le fait que pour certains le terme libéral provoque une réaction de rejet vient des libéraux eux-mêmes qui n’ont pu maîtriser leur « bébé » et qui en ont fait un monstre cupide et inconséquent. Les socialistes n’y sont pas pour grand-chose… On peut leur reprocher de n’avoir pas essayé de changer significativement la tendance, ce que j’explique par la culture de compromis dans un parti qui dirigeait un pays qui n’avait pas un régime installé très compatible avec les valeurs socialistes.
    Si les socialistes français peuvent clairement mettre en évidence leurs solutions pour combattre les excès du système, pour corriger les règlementations européennes qui sabordent les intérêts européens, pour combattre les paradis fiscaux européens, pour favoriser la consommation valorisée en Europe (les services par exemple), pour enlever tout avantage quel qu’il soit aux résidents Européens qui choisissent de domicilier leurs profits dans des paradis fiscaux, en d’autres termes avoir un plan d’action que l’on pourrait qualifier de protectionniste pour les intérêts des Européens, alors je suis persuadé que le P .S . pourra attirer un nombre significatif d’électeurs aux européennes.

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  5. Au niveau mondial, les ententes existent je reprends l’exemple des pays exportateurs de pétrole (l’OPEP) c’est eux qui ont fait flamber le prix du baril de pétrole et qui vont diminuer l’extraction pour maintenir les cours à un niveau plus élevé.
    L’Union Européenne consacre environ 40% de son budget à sa Politique agricole commune (PAC), soit environ 50 milliards d’euros, dont une partie est distribuée aux agriculteurs européens sous forme de subventions. De l’autre côté de l’Atlantique, les Etats-Unis consacrent environ 90 milliards d’euros au soutien de leur secteur agricole. UE et Etats-Unis pratiquent également des droits de douane très élevés, afin de décourager les importations sur leurs marchés respectifs. Les pays d’Amérique du sud et d’Afrique en pâtissent. Leurs voix au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ne sont pas entendues.
    Cette politique ne gène pas les utilisateurs de ces matières premières naturelles. Par contre les entreprises ont contribuées à faire évoluer les idées en inculquant que le libéralisme économique ferait baisser les prix.
    C’est exact, les prix de production baissent mais au profit de qui ?
    Pas au profit des travailleurs que sont ces nouveaux producteurs de richesses qui ne bénéficient ni de sécurité de l’emploi ni de salaires décents à nos yeux.
    Pas au profit des travailleurs européens qui subissent le chômage et son corollaire, la pression sur les salaires vers le bas.
    Cela ne profite qu’aux entreprises qui ont la capacité de se délocaliser.
    Cette fuite en avant n’aura qu’un temps, on en voit déjà les contrecoups en France avec la baisse des achats d’automobiles.
    Actuellement, les écarts entre les coûts de production en France par rapport aux pays comme la Chine et l’Inde reposent sur une main d’œuvre abondante et donc peu chère, une absence d’organisations syndicales fortes, la faible taxation des profits, une ignorance délibérée des mesures de dépollution.
    Que pouvons nous faire, nous qui vivons dans un pays riche ?
    Accepter comme une fatalité cette concurrence déloyale ou chercher à se défendre ?
    Si pour faire partie de l’Union Européenne, nous avons fixé des règles pour y adhérer, ne faudrait-il pas exiger des autres partenaires économiques des règles telles que la protection de l’environnement, un salaire minimum, l’interdiction de faire travailler les enfants.
    Cette crise du libre échange poussée à son extrême ne touche pas que nos pays européens et les Etats-Unis, le Japon commence à en subir les conséquences.
    Non, pour moi, le libre échange a ses limites et nous les avons franchies !

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  6. Je partage aussi cette conclusion et reste persuadé que les solutions ne se trouveront pas dans le modèle du libre échange dérégulé.
    J’ai une vision un peu différente par contre sur les causes énoncées. Par exemple, les variations aberrantes des cours du pétrole ne sont pas, à mon avis, du fait principal des producteurs mais des spéculateurs internationaux qui ont joué sur les cours des matières premières, dont le pétrole, comme ils ont joué sur l’endettement des « non solvables » pour créer une bulle spéculative dite des « sub-primes ».
    De même, le système économique mis en place en occident s’est souvent développé sur la misère des autres : par l’utilisation d’esclaves au départ, puis par l’immigration forcée de populations réduites à la misère dans leurs pays d’origine souvent à cause des interventions extérieures, puis des délocalisation en Europe d’abord, en Afrique du Nord ensuite, en Asie maintenant. Le protectionnisme traditionnel qui consiste à élever les taxes à l’entrée d’une communauté ne peut, à mon avis, seul résoudre le problème : les règles sont contournées, des pays ne jouent pas le jeu et deviennent des passoires, etc…
    Je reviens donc sur le principe d’un protectionnisme différent, à savoir un protectionnisme qui s’attaque à ceux qui profitent du système pour faire de l’argent et non à ceux qui sont plus pauvres que nous. La cible est donc dans notre société et non pas à l’extérieur car ce sont nos règles (ou dérèglementations..) qui provoquent cette crise. Ceci n’empêche pas, bien au contraire, de combattre les exploiteurs en tout genre qui font travailler des enfants et qui bloquent tout progrès social dans leur pays. Il me semble que le simple fait de leur demander d’évoluer ne suffira pas. Si nos acheteurs internationaux ne leur passent plus de commandes en empochant des jolies primes chaque fois qu’ils obtiennent une remise supplémentaire, nous auront déjà fait un grand pas !

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